lessidisa's reviews
304 reviews

Oui, mon commandant ! by Amadou Hampâté Bâ

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5.0

Splendide lecture. Étonnamment je n'avais pas du tout aimé le tome 1, alors que celui-ci est ma meilleure lecture de l'année. Quand j'avais dit en début d'année, pour plaisanter, que je ne lirai que des non-fiction cette année, j'aurais du m'y tenir. Les retranscriptions du "français des tirailleurs" sont hilarantes.

Pour information il y a une 3e partie qui s'appelle Sur les traces d'Amkoullel, l'enfant peul



Missié Trésorier, veni vite ! veni vite ! Nous gagner histoire grand comme montagne Aribinda ! Prison y devenu cimetière. Ah, Missié Trésorier ! Si Bon Dieu y vient pas nous aider, nous tous foutus comme vieux souliers, depuis grand commandant jusqu’à moi brigadier-chef jusqu’à gardes deuxième classe ! Tout l’monde y foutu, comme y foutra plus jamais encore !


Il dit d’un ton presque de plaisanterie, comme s’il ne se prenait pas au sérieux lui-même :
“Ô mon Dieu ! Allâhouma ! Tu sais mieux que moi que je ne peux rien, mais ces deux garçons croient que je peux quelque chose. Mon seul pouvoir, c’est de te transmettre les demandes de ceux qui s’adressent à moi. Demba et Amadou disent avoir foi en mes prières, et moi j’ai foi en ton pouvoir et en ta bonté. Aussi je te conjure, Ô mon Dieu ! de garantir ces deux jeunes gens de toute pluie depuis Kayes jusqu’à Koniakry. Que la pluie vienne devant eux, derrière eux, sur leur droite et sur leur gauche, mais pas sur eux. Protège-les, Ô Dieu ! comme tu préserves certains brins d’herbe au milieu de grands incendies."


Il faut que tu sois sûr d’une chose : c’est que Dieu est, et qu’Il est unique. Mais Il est libre de se manifester comme Il le veut, sinon nous l’enfermerions dans une loi. Or Dieu est au-dessus de toute loi ; c’est nous qui sommes soumis à une loi, non Lui. Tu peux donc aller visiter les autres initiations à condition d’être solidement enraciné dans ta propre foi et ta propre identité ("ton toi-même"), et que rien ne puisse te troubler ni te perturber.
Antarctica by Claire Keegan

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2.0

I will learn fifteen types of wind and know the weight of tomorrow's rain by the rustle in the sycamores.


Livre pour finir en dépression. Je l'aurais DNF mais comme ce sont des nouvelles j'ai quand même réussi à aller au bout, mais clairement ce livre était une perte de mon temps. Le style est intéressant mais généralement les nouvelles n'ont pas de chute, où bien elle ne permet pas d'établir une conclusion. Erreur 404. Ce livre rappelle la bizarrerie des histoires de Shirley Jackson.


Her telling me the way my father's hands bruised her for fifteen years, the difference between loving and liking somebody. How she didn't like me any more than him because I had the same cruel eyes.

Once, after the headmaster hit Betty, her nose would not stop bleeding and he sent her out to the stream to wash her face, but she ran home across the fields and told her mother, who walked her back up to school, into the classroom, and told the headmaster that if he laid so much as another finger on her girls, he'd get a worse death than Billy the Buttermaker (who had been savagely murdered down south a few days back).
Le Soleil des Scorta by Laurent Gaudé

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4.25

Tu as une dette désormais. Une dette envers ceux de ton nom. Un jour, dans vingt ans peut-être, tu t’acquitteras de cette dette. En aidant un des nôtres. C’est pour cela que je t’ai sauvé, Elia. Parce que nous aurons besoin de toi quand tu seras devenu quelqu’un de meilleur - comme nous avons besoin de chacun de nos fils.


Splendide lecture cela dit je ne pense pas que je m’en souviendrai. Saga familiale italienne. La météo est absolument somptueuse avec un soleil et une chaleur de plomb ; La famille des Scorta et les villageois sont des gens très durs. J’ai adoré quand les curés successifs se mettent à insulter les villageois. Je n’avais jamais vu ça.


En temps ordinaire, le village ignorait Carmela, Domenico et Giuseppe. Ce n’étaient que trois crève-la-faim, fils de brigand. Mais dès qu’on voulait toucher à un de leurs cheveux, ou attenter à la mémoire de Rocco le Sauvage, une sorte d’élan maternel courait dans tout le village et on les défendait comme une louve défend sa portée. “Les Scorta sont des vauriens, mais ils sont des nôtres”.

Et lorsque les temps se feront durs, lorsque je pleurerai sur mon sort, lorsque j’insulterai la vie qui est une chienne, je me souviendrai de ces instants, de vos visages illuminés par la joie et je me dirai : N’insulte pas la vie, ne maudis pas le sort, souviens-toi d’Elia et de Maria qui furent heureux, un jour au moins, dans leur vie, et ce jour tu étais à leurs côtés.
Le Pavillon d'Or by Yukio Mishima

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3.0

La mort parait l'ultime repos, mais combien de temps dure-t-il ? Personne ne peut le dire.

J'ai lu ce livre plus par "obligation" que par envie car il me semble que c'est le plus connu de Mishima. Je pensais que je n'allais pas l'aimer, et c'est vrai qu'il ne m'a pas intéressée, mais il n'était globalement pas aussi glauque que ce à quoi je m'attendais. A dire vrai, j'ai trouvé le style, la psychologie et les réflexions très fines. Cependant je n'étais pas investie dans les histoires de ces garçons dégénérés.

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Le seul fait d'exister, c'était déjà plus que suffisant pour me combler ! Ce malaise d'exister, est-ce qu'il ne vient pas avant tout de ce qu'on se paie le luxe d'être insatisfait, de trouver qu'on ne vit pas à suffisance ?

Le garçon que je fus alors, il se pourrait bien qu'il ait connu le bonheur... 
Antigone by Sophocles

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4.0

Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé.

L’édition ancienne que j'ai lue comporte Antigone suivi des Trachiniennes. 

Je n'ai pas autant aimé l'Antigone de Sophocle étant donné que Créon a le cerveau timbré dans cette version, celle d'Anouilh est bien plus subtile. Cependant la fin est bien et a relevé le niveau. Dans ma vieille édition les noms sont traduits en mi-français mi-grec donc j'étais un peu perdue pour savoir de qui on parlait.

Les Trachiniennes a été une belle découverte par contre car j'adore les tragédies évidemment ; sauf Phèdre de Racine qui n'a pas de sens. J'y ai découvert cet imbécile d'Héraclès, véritable héro des douze travaux d'Astérix. Moi je trouve qu'il a eu ce qu'il méritait. J'ai bien aimé le moment où ça tourne mal.


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« Hélas ! Songe, ô sœur, que notre père est mort détesté et méprisé, et qu'ayant connu ses actions impies, il s'est arraché les deux yeux de sa propre main ; que celle qui portait le double nom de sa mère et de son épouse, s'affranchit de la vie à l'aide d'un lacet terrible ; et que nos deux frères enfin, en un même jour, se tuant eux-mêmes, les malheureux ! se sont donné la mort l'un l'autre. Maintenant que nous voici toutes deux seules, songe que nous devrons mourir plus lamentablement encore »

« Et moi-même, devant ceci, j'enfreins ce qui est permis et je ne puis retenir les sources de mes larmes, lorsque je vois Antigone s'avancer vers le lit où tous vont  dormir. »

« Sois donc véridique ; il est honteux à un homme libre de mentir. »

« Les choses sont ainsi. Il est insensé celui qui compte sur deux ou plusieurs jours, car il n'y a de lendemain que si le jour présent s'est bien passé. »
Fables: texte intégral by Jean de La Fontaine

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3.0

Comme d'habitude la poésie ça ne marche pas avec moi. Les premières fables sont très sympa à lire car on les connaissait quand on était jeunes. Mais ensuite ce livre fait 500 pages ... Je l'ai lu de fin décembre à début mai.


Le Bûcheron et Mercure
« Ne point mentir, être content du sien,
C'est le plus sûr : cependant on s'occupe
A dire faux pour attraper du bien :
Que sert cela ? Jupiter n'est pas dupe.  »

Le Renard et les Poulets d'Inde 
« Contre les assauts d'un Renard
Un arbre à des Dindons servait de citadelle. »
Dom Casmurro et les Yeux de Ressac by Machado de Assis

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3.5

Ca m'a fait un peu penser à L'Institut de remise à l'heure des montres et des pendules dans le sens où c'est très bien écrit mais pour dire quoi finalement ? Un tas de choses aléatoires. Je n'étais pas investie dans ma lecture. Les chapitres sont courts, ça se lit vite. La fin est surprenante, on ne s'attend pas à avoir un plot twist dans des mémoires (fictionnelles).


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« - Je n'aime que vous, maman.
   Il n'y eu pas de calcul dans cette phrase, mais je fus heureux de l'avoir dite, pour lui faire croire qu'elle était ma seule affection ; je détournais les soupçons qui pesaient sur Capitou. Combien n'y a-t-il pas d'intentions perverses qui embarquent ainsi, en cours de route, dans une phrase innocente et pure ! On en arrive à se demander si le mensonge, souvent, n'est pas aussi involontaire que la transpiration. D'autre part, ami lecteur, note que je voulais détourner les soupçons qui pesaient sur Capitou, alors que j'avais appelé ma mère justement pour les confirmer ; mais le monde est plein de contradictions. En vérité, ma mère était candide comme la première aurore, celle qui précéda le premier péché. »
Des milliards de tapis de cheveux by Andreas Eschbach

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3.0

Divertissement correct. Je pense que ça m'a peu intéressé parce que ça ne se déroule pas sur Terre ni même dans notre système solaire donc je ne me suis pas sentie concernée. Livre peuplé d'hommes toxiques. On a le point de vue d'un nouveau personnage à chaque chapitre ce qui permet de découvrir plus de choses mais donne un effet décousu à la longue. Le dénouement du mystère des tapis de cheveux est ridicule et certaines questions annexes sont irrésolues. Livre oubliable. Je l'ai déjà oublié d'ailleurs.


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« Parnag n'était plus en mesure, à chacun de ses gestes, de penser : Je fais ceci pour l'Empereur. La seule chose qui lui venait à l'esprit, c'était : L'Empereur existe-t-il seulement ?
   Qui donc avait jamais vu l’Empereur ? On ne savait même pas où il vivait ; on savait seulement que ce devait être sur une planète très, très éloignée. Bien sûr, il y avait les photographies, et le visage de l'Empereur était plus familier à chacun que celui de ses propres parents ; mais, pour autant que Parnag le sût, il n'avait jamais mis le pied sur leur planète. On racontait que l’Empereur était  immortel, qu'il vivait et régnait sur l'humanité tout entière depuis la nuit des temps... On disait tant de choses, mais on était sûr de rien. Si l'on se laissait aller à douter, ne serait-ce qu'une fois, on se trouvait entraîné dans un cercle infernal dont on ne pouvait plus sortir.  »


« Tu ne le peux pas, constata le souverain. C'est ce que je voulais te montrer. Le respect qu'inspire l’Empereur est profondément ancré en vous tous. Même en vous autres, rebelles. Cela te rend incapable de t'en prendre à moi. »


« Tire, maintenant ! lui ordonna l'Empereur d'une voix tranchante.
Et Jubad, sans réfléchir, comme par réflexe, leva son arme et tira dans la poitrine de l'Empereur.
Plus tard, ils fêtèrent le libérateur, le vainqueur du tyran. Il sourit face aux caméras, pris des poses triomphales et prononça des discours plein d'allégresse, mais à aucun moment il ne perdit de vue qu'il ne faisait que jouer le rôle du vainqueur. Lui seul savait qu’il n'avait rien d'un vainqueur.
Jusqu'à son dernier jour il se demanderait si cet ultime instant, lui aussi, faisait parti du plan de l'Empereur.
A lui seul, le discernement ne résiste pas au temps ; il se transforme et disparaît. La honte, en revanche, est comme une blessure que l'on ne laisse jamais respirer et qui, de ce fait, ne guérit jamais. Il tiendrait sa promesse et garderait le silence, mais non par discernement. Par honte. Il garderait le silence à cause de ce seul instant : l'instant où il avait obéi à l'Empereur... »
Les dieux ont soif by Frederick Davies, Anatole France

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4.25

C'est le premier livre que je lis qui parle de la période de la Terreur qui a fait suite à la Révolution française, et en vérité je n'en avais que vaguement entendu parler, mais ma foi c'est fort intéressant à lire. Pour tout vous dire ça m'a fortement rappelé la Révolution culturelle chinoise avec les gens qui crèvent de faim ; et ceux qui étaient les leaders un jour et sont arrêtés le lendemain. Ces similitudes m'ont étonnée. C'étaient des temps vraiment très troublés. Peut-être que tout cela était nécessaire pour commencer à déraciner de la tête des gens la noblesse et la royauté, qui sait.

J'ai A-DO-RÉ le passage où les personnages arrivent à la conciergerie, cela m'a rappelé un souvenir oublié, quand j'ai moi-même visité aléatoirement la conciergerie, j'avais lu CHAQUE panneau d'information de cet ... établissement ; panneau d'information qui relataient donc la vie des détenus de la Révolution. Je suis manifestement fan de cet endroit. Dans le livre on apprend que les détenus, en attendant leur procès et la guillotine inévitable, se partageaient les rôles et jouaient entre eux leur futur procès. 

Attention ce livre contient certains passages assez lourdingues et d'ailleurs d'après la préface (que j'ai lu après le roman évidemment) ils sont faits comme ça exprès. Allons Anatole ce n'est pas gentil. A part ce problème, contente de l'avoir lu.

J'ai noté que les thème suivants étaient abordés, longuement ou rapidement :
· Dieu et la religion
· Les contraintes et le respect en société, voir 2e citation
· JEAN-JACQUES par-ci Jean-Jacques par-là (Rousseau). Il y a aussi Robespierre (Maximilien)
· Le jugement de Marie-Antoinette
· La conciergerie donc

· Ce livre m'a rappelé que la France s'est auto-surnommée la fille aînée de l'Église.


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« Ces hommes de rien, qui avaient détruit la royauté, renversé le vieux monde, ce Trubert, petit ingénieur opticien, cet Évariste Gamelin, peintre obscur, n’attendaient point de merci de leurs ennemis. Ils n’avaient de choix qu’entre la victoire et la mort. De là leur ardeur et leur sérénité. »

«  Le jeune dragon se tint debout à son côté, la main sur le dossier de la chaise où elle était assise. À quoi l’on pouvait voir que la Révolution était accomplie, car, sous l’ancien régime, un homme n’eût jamais, en compagnie, touché seulement du doigt le siège où se trouvait une dame, formé par l’éducation aux contraintes, parfois assez rudes, de la politesse, estimant d’ailleurs que la retenue gardée dans la société donne un prix singulier à l’abandon secret et que, pour perdre le
respect, il fallait l’avoir. »

« Ce n’est point, ajoutait Brotteaux, qu’un général vaincu soit nécessairement criminel, car de toute nécessité il en faut un dans chaque bataille. Mais il n’est rien comme de condamner à mort un général pour donner du cœur aux autres… »

« Dans ces corridors, pleins d’ombres sanglantes, passaient chaque jour, sans une plainte, vingt, trente, cinquante condamnés, vieillards, femmes, adolescents, et si divers de condition, de caractère, de sentiment, qu’on se demandait s’ils n’avaient pas été tirés au sort. »
Dances with Wolves: The American Frontier Epic including The Holy Road: The Complete Epic including The Holy Road by Michael Blake

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4.25

L’histoire est très mignonne, le voyage est agréable même si on sait que ça va mal finir. Mais contre toute attente le tome 1, Danse avec les loups, n'entame pas le thème de la destruction de la civilisation des indiens, il faut attendre le tome 2 pour ça, La route sacrée, dans lequel on baigne dans l'incertitude et l'anxiété. Dans cette deuxième partie on ne peut s'empêcher de se demander Et si les choses s'étaient passées différemment ? 

Généralement ce livre n'a pas l'humour de Lonesome Dove sauf à certains moments dans le tome 1. A part le personnage principal les autres personnages marquants pour moi sont, au début, le cheval Cisco, un vrai saltimbanque indépendant dont j'ai adoré suivre les aventures, c'est un personnage qu'on suit individuellement au même titre que les autres. A la fin Ten Bears, vers qui les Blancs ont fait un pas, alors il fait un pas vers eux aussi, et une cohabitation aurait pu être possible, dans d'autres circonstances. A la fin du livre une note indique que l'auteur était en train d'écrire un tome 3 quand il est décédé et c'est bien dommage. 

Le style est simple et super, beaucoup de bonnes citations, je n'en mets que quelques unes. 

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« She heard someone start to sing in a lodge close by. She paused to listen and was astounded at what she heard.

<i>The Comanches have a bridge
That passes to another world
The bridge is called Stands With A Fist.</i> »


« "I am wondering", Ten Bears began at last. "This white man's holy road... how can Comanches take a road they have never traveled? How can they take a road where everything is new and strange and still be Comanches ? How can they be happy ?"

Kicking Bird listened as he sucked at the pipe and sent a long stream of smoke curling toward the hole in Ten Bears' lodge.
"I don't know, Grandfather. But I want to see this Lawrie Tatum again and talk with him. Your question is good. It says a lot. But it makes a question come into my mind, a question that might be just as good. I think of the buffalo growing more scarce each summer. I think of white solders coming into the country. I think of these rangers tearing at our camp like starving wolves - killing our women and children, burning down our lodges. When I think of these things, I wonder what will happen if they continue. You ask how we can walk this holy road, and I wonder... how can we not ?" »

« I have never fought a monster. I have wondered all night if such a thing can be done. It must take the strongest men with the bravest hearts, men who are not afraid to die, to fight a monster... men like ourselves. »