A review by leasaurusrex
L'Œuvre au Noir by Marguerite Yourcenar

4.0

Plonger avec Marguerite Yourcenar au XVIè siècle, en plein obscurantisme religieux, c’était un pari que je ne pensais pas faire de sitôt. En ce moment, j’ai plutôt à cœur les lectures légères, ou en tout cas divertissantes et qui me font voyager dans un autre monde que le nôtre.

Mais j’ai ouvert L’œuvre au noir.
Je mentirais si je ne disais pas que le début m’a semblé ardu : la plume de l’autrice est riche, et son travail de documentation est minutieux. Au début, j’étais confuse, pas suffisamment concentrée. J’avais de la peine à comprendre dans quoi je m’embarquais, à réellement m’intéresser aux personnages et à leurs relations… et puis le style me faisait un peu peur, sans parler du développement de certaines thèses philosophiques. Mes trois neurones qui se battent en duel ont paniqué, comme d’hab’, en pensant qu’ils s’attaquaient à un trop gros morceau pour eux.

Et puis en fait, la magie a fini par opérer. Je me suis attachée à Zénon, visionnaire et touche-à-tout, intellectuel philosophe et athée dans un monde qui n’épargnait pas les contradictions à la religion. J’ai aimé suivre ses aventures, ses débats, ses idées, j’ai aimé le récit de ce Moyen-Âge que je ne connais pas vraiment (quelques grandes lignes stéréotypées, et encore), je me suis étonnée des nombreux voyages et des connaissances acquises, de la justesse de déduction du personnage de Zénon.

Toutefois, je me suis désintéressée des magouilles politiques, même si elles étaient importantes pour situer le contexte dans lequel Zénon et ses pairs évoluaient à l’époque. Les noms des royautés se confondent un peu tous pour moi, alors je n’ai pas toujours su replacer tout le monde dans sa chapelle, mais ça ne m’a pas empêchée d’être complètement immergée dans ce récit de vie, qui s’apparente à de la fatalité dans son expression originelle. Et je ne peux pas m’empêcher de reprocher au roman quelques longueurs, et parfois quelques débats trop obscurs, sémantiques, qui me faisaient un peu décrocher. Mes trois neurones faisaient de la résistance à ce moment-là. Comme à chaque fois que j’entreprends une lecture de cette sorte, je sais que j’ai dû passer à côté d’un tas de trucs, de références ou de concepts que je n’ai pas compris, mais je fais ce que je peux, et il me semble que ça ne retire pas grand-chose au voyage ?

Mais le roman est court, le style est incroyable, très riche, et je suis contente de poursuivre ma découverte de l’œuvre de Marguerite Yourcenar.