A review by octavietullier
Murder & Matchmaking by Debbie Cowens

1.0

Mme Bennet est un serial killer décidé à mettre ses instincts meurtriers au service des perspectives de mariage de ses filles. Ok, j’achète! Tout s’annonce bien dans les premières pages, commodément fournies au lecteur indécis par Amazon : le style y est enjoué et les singeries du carlin nommé Lydia hilarantes. L’histoire avance et les scènes cultes de "Orgueil et Préjugés" sont jetées pêle-mêle - depuis l’insulte d’Élisabeth jusqu’à la disparition de Lydia, en passant par la controverse autour du nombre de jeunes filles accomplies. Tout cela, y compris la réluctance de Mr Darcy au sujet de ses sentiments, est très bien adapté à une intrigue policière, il faut l’admettre. Pour ce que je puis en juger, l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle a subi le même sort, et la culture holmésienne commune est digérée et recrachée à intervalles réguliers.

Dès le premier tiers, l’histoire s’embourbe: les personnages ne quitteront jamais l’Hertfordshire
Lady Catherine n’existe pas et Mr Collins est à peine évoqué, il n’y aura pas de double offre de mariage, ni de possibilité de rédemption pour Mr Darcy
. Pire que tout, Debbie Cowens ne semble pas capable de créer une histoire avec ce qu’elle a à disposition et se voit obligée d’ajouter des personnages. D’où l’entrée en scène d’un Sir John, en tout point semblable à Sir Lucas (À ce sujet, je me pose la question: a-t-on vraiment besoin d’une pâle copie quand l’original est à disposition ? Passons). Mme Cowens ne nous offre pas une relecture de l’œuvre d’Austen, mais une fanfiction où nos personnages préférés jouent au policier et aux voleurs. Je ne sais pas pourquoi je me fais du mal, mais je suis persuadée que la faute est à Seth Grahame-Smith. S’il n’avait pas réussi à faire rimer Jane Austen avec zombies, je n’aurais pas l’espoir au cœur à chaque fois que je lis la quatrième de couverture d’une parodie de "Orgueil et préjugés".

Sur la fin, on sent bien que la concentration de l’auteur se relâche. On croise des détails un peu stupides (pourquoi faire d’Harriet Smith la cousine d’Emma Woodhouse, plutôt que son amie comme dans l’œuvre originale?) et quelques phrases assez laides qui semblent avoir été négligées à la relecture. Notons que Sir John est appelé au moins trois fois "Sir James" au cours du chapitre 16. J'ose espérer qu'il s'agit là d'un clin d’œil au prénom du Dr Watson, et pas d'une inattention de l’éditeur. Mais j’en doute.