A review by sarahrlm
Poèmes saturniens by Paul Verlaine

4.0

J'ai lu deux recueils de poésie du XIXème siècle très récemment -chose qui n'arrive que
très rarement -et j'ai adoré.

Paul Verlaine, dans un long texte qui publiera dans la revue l'Art, écrira, à propos de
Charles Baudelaire que : « La profonde originalité de Charles Baudelaire, c'est, à mon sens,
de représenter puissamment et essentiellement l'homme moderne (.) Je n'entends ici que
l'homme physique moderne, tel que l'ont fait les raffinements d'une civilisation excessive,
l'homme moderne, avec ses sens aiguisés et vibrants, son esprit douloureusement subtil, son
cerveau saturé de tabac, son sang brûlé d'alcool, en un mot, le biblio-nerveux par excellence ».
Dans ses Poèmes saturniens, Paul Verlaine fait de nombreux hommages à la poésie
baudelairienne, en reprenant bon nombre de ses thématiques, comme celle de la ville
(notamment de Paris), dans le « Nocturne Parisien », Paris comme une ville de la mort, sombre
et ténébreuse. Mais également, le poète fait de nombreuses fois référence au temps, au souvenir
(« Nevermore»), mais aussi au rêve dans le fameux poème « Mon rêve familier». Il y a
également de nombreuses occurrences à la femme aimée, qui est portée au rang de quasi-idole,
mais un motif poétique traditionnel qui se voit généralement dégradé («Initiur»).
Quant aux Fleurs du Mal, probablement le recueil de poésie de la littérature française le
plus connu et reconnu, j'ai adoré ma lecture, j'ai adoré me plonger dans cet univers macabre,
sombre, infernal. Il y a évidemment certains poèmes qui tombent des mains, car beaucoup plus
hermétique. C’est l’harmonie entre la recherche d’universalité dans le propos et la touche profondément personnelle du poète baudelairien. C'est cette harmonie parfaite qui permet, selon moi, à ce
recueil de survivre dans le temps. Les images sont évidemment marquantes, avec la célèbre
« La Charogne » par exemple, sans oublier ces peintures grossières, vulgaires, voire macabres
ou mystiques de femmes aimées (« Bizarre déité, brune comme les nuits, / Au parfum mélangé
de musc et de havane,/ Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane,/ Sorcière au flanc
d'ébène, enfant des noirs minuits », « Sed Non Satiata »).
De plus, le recueil fait office d'art poétique pour Baudelaire, qui met en avant dans ses
poèmes, sa conception de l'art avec cette volonté d'atteindre une forme d'Idéal poétique
inatteignable (« Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes,/Produits avariés, nés d'un siècle
vaurien,/Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes,/Qui sauront satisfaire un coeur
comme le mien./Je laisse à Gavarni, poète des chloroses,/Son troupeau gazouillant de beautés
d'hôpital,/Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses/Une fleur qui ressemble à mon rouge
idéal. », « L'Idéal »), qui semble annoncer la poésie d'Arthur Rimbaud.