A review by lessidisa
La Conquête de Plassans by Émile Zola

2.5

Je n'ai aimé que les 200 premières pages, ensuite l'intrigue politique se met en place et je n'y entends goutte. Ces magouilles sont portées à l’extrême d'après moi qui ai l'habitude de vivre honnêtement, tout ça me dépasse et m'exaspère. Encore si ce n'était que ça d'autres passages auraient pu rattraper le livre pour moi, comme ça a été le cas avec La curée, qui aborde le même genre de thème d'ailleurs, mais je le considère comme le livre le plus caricatural de Zola parmi les quatre premiers de la série. La maison des Mouret se retrouve peuplée de personnes abjectes et le Mouret en chef ne les met pas dehors, ça dépasse mes bornes. On suit le délitement de la famille et la servante me rappelle une certaine nouvelle de Shirley Jackson (Men with their big shoes), dans laquelle les domestiques terrorisent la propriétaire. Pour moi c'est le livre de la maladie mentale. J'espère qu'il se calme dans la suite de la série, je ne veux pas lire des idioties pareilles. 


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« - Désirée n’a donc pas faim ? demanda-t-elle ; pourquoi ne déjeune-t-elle pas avec nous ?
– Désirée n’est plus ici, dit Mouret, qui laissait les morceaux sur son assiette ; je l’ai menée ce matin à Saint-Eutrope, chez sa nourrice. 
Elle posa sa fourchette, un peu pâle, surprise et blessée.
- Tu aurais pu me consulter, reprit-elle. 
Mais lui, continua, sans répondre directement :
- Elle est bien chez sa nourrice. Cette brave femme, qui l’aime beaucoup, veillera sur elle... De cette façon, l’enfant ne te tourmentera plus, tout le monde sera content.
Et, comme elle restait muette, il ajouta : 
- Si la maison ne te semble pas assez tranquille, tu me le diras, et je m’en irai. »

« Eh bien ! alors, laissez-le fou, puisque tout le monde vous dit qu’il est fou... Je ne sais quelle rage vous avez d’être d’un autre avis que votre femme. Cela ne vous portera pas bonheur, mon cher... Ayez donc l’esprit, à Plassans, de n’être pas spirituel. »

« Écoutez, mon cher, lui répondit-elle au bout d’un silence, vous manquez de tact ; cela vous perdra. Faites la culbute, si ça vous amuse. Moi, en somme, je m’en lave les mains. Je vous ai aidé,  non pas pour vos beaux yeux, mais pour être agréable à nos amis de Paris. On m’écrivait de vous piloter, je vous pilotais... Seulement, retenez bien ceci : je ne souffrirai pas que vous veniez faire le maître chez moi. Que le petit Péqueur, que le bonhomme Rastoil tremblent à la vue de votre soutane, cela est bon. Nous autres, nous n’avons pas peur, nous entendons rester les maîtres. Mon mari a conquis Plassans avant vous, et nous garderons Plassans, je vous en préviens. »